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Minimisation des données : la décision SNCF Connect qui pourrait faire jurisprudence

Le 31 juillet 2025, le Conseil d’État a rendu une décision en matière de protection des données personnelles : la plateforme SNCF Connect ne peut plus imposer à ses clients de renseigner leur civilité (« Madame », « Monsieur ») lors de l’achat de billets ou de cartes de fidélité. Cette obligation est jugée contraire au Règlement général sur la protection des données (RGPD).

🟠 Une décision fondée sur le RGPD

Saisi par l’association Mousse, engagée dans la défense des droits LGBT+, le Conseil d’État a interrogé la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur l’interprétation des articles 5, 6 et 21 du RGPD. La CJUE a rappelé que :

  • Seules les données strictement nécessaires à l’exécution d’un contrat peuvent être collectées.
  • La personnalisation de la communication commerciale ne constitue pas une justification suffisante.
  • La possibilité pour l’usager de s’opposer ultérieurement au traitement ne légitime pas une collecte initiale obligatoire.

🟠 Une collecte non indispensable

Le Conseil d’État a constaté que la civilité :

  • N’est pas nécessaire à la vente de billets ni au contrôle d’identité prévu par le Code des transports.
  • Ne peut être imposée qu’au nom de services spécifiques (ex. : compartiments réservés aux femmes seules), qui ne concernent qu’une minorité de cas.
  • Peut être proposée de manière facultative pour répondre aux attentes de certains clients, sans devenir une exigence systématique.

🟠 La présente décision annule celle de la CNIL du 23 mars 2021, qui avait rejeté la réclamation de l’association Mousse. L’État est ainsi condamné à verser 3 000 euros à l’association Mousse. Elle renvoie cette affaire à la CNIL afin qu’elle réexamine cette réclamation en appliquant les critères de la CJUE.

🟠 Conclusion : Ce jugement illustre une tendance jurisprudentielle claire : la minimisation des données devient un principe cardinal dans les relations numériques entre entreprises et consommateurs. Il invite les acteurs du numérique à revoir leurs pratiques de collecte, en privilégiant la transparence et le consentement éclairé.

Pour en savoir plus / sources :