Loi anti-narcotrafic du 13 juin 2025 : une ambition freinée par la censure constitutionnelle.
Adoptée dans un contexte d’urgence face à l’essor du narcotrafic en France, la loi du 13 juin 2025 visait à doter les autorités judiciaires et administratives de nouveaux outils pour lutter contre les réseaux criminels(I). Mais, si le texte a été promulgué, il n’a pas échappé au contrôle du Conseil constitutionnel, qui a censuré six de ses dispositions, dont les articles 5 et 15 (II).
🟠 I. L’objectif de la loi : sortir la France du piège du narcotrafic
Elle prévoyait notamment :
- La création d’un parquet national anti-criminalité organisée (Pnaco),
- Le développement de techniques d’enquête renforcées (écoutes, activation à distance d’appareils),
- La mise en place de quartiers pénitentiaires spécialisés,Des mesures de lutte contre le blanchiment et la corruption en lien avec le trafic.
🟠 II. La censure du Conseil constitutionnel : six articles invalidés
Le Conseil constitutionnel a jugé que certaines dispositions portaient une atteinte excessive aux droits fondamentaux. Parmi les articles censurés, deux retiennent particulièrement l’attention d’un point de vue IT/IP.
- Article 5 : accès direct aux données fiscales
Cet article permettait aux services de renseignement du « premier cercle » d’accéder directement aux bases de données fiscales. Le Conseil constitutionnel a estimé que cette mesure, en l’absence de garanties suffisantes, portait une atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée.
- Article 15 : traitement algorithmique des URL
L’article 15 autorisait l’analyse algorithmique des URL pour détecter des comportements suspects liés au narcotrafic. Le Conseil constitutionnel a censuré cette disposition, jugeant qu’elle ouvrait la voie à une surveillance de masse incompatible avec les libertés individuelles, notamment en raison d’un encadrement juridique insuffisant.
🟠 Conclusion : une loi ambitieuse, mais à encadrer
Si la loi anti-narcotrafic marque une volonté forte de l’État de reprendre le contrôle face à des réseaux de plus en plus structurés, la censure de ses articles les plus intrusifs rappelle une exigence essentielle : la lutte contre la criminalité ne peut se faire au détriment des principes constitutionnels. L’efficacité ne saurait justifier l’abandon des libertés.
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